« Déconstruire les regards, reconstruire l’Afrique »

Fondateur de NKUNDA AFRICA INNOVATION GROUP et éditeur des plateformes médias IVOIRE CEO, CAMEROON CEO, ONLY BENKI, ECOPLEDGE AFRICA, TERANGA CEO (lancé il y a une dizaine de jours) et bientôt CONGO CEO, Mérimé Wilson NGOUDJOU dévoile sa vision d’une Afrique qui se réapproprie son récit, son leadership et son avenir.
Vous êtes aujourd’hui l’un des architectes d’une galaxie de médias panafricains tournée vers le leadership. Quelle a été l’étincelle initiale ?
Je crois que tout part d’une frustration personnelle transformée en mission collective. Pendant longtemps, j’ai observé un décalage entre l’Afrique que je vivais au quotidien — riche, vibrante, inventive — et celle que je voyais dans les médias, souvent caricaturale ou invisible. J’ai compris que si nous ne racontions pas nous-mêmes nos combats, nos avancées, nos ambitions, personne ne le ferait à notre place avec la justesse et la profondeur que cela mérite. Créer CAMEROON CEO, puis IVOIRE CEO, ça a été une manière d’entrer dans l’histoire par la plume, par l’analyse, par l’admiration critique. Ensuite, ONLY BENKI, ECOPLEDGE AFRICA, TERANGA CEO, et bientôt CONGO CEO sont venus répondre à des besoins spécifiques dans notre écosystème : la finance, la durabilité, l’excellence sectorielle.
Vos médias ont une ligne éditoriale exigeante : pas de sensationnalisme, mais une attention portée aux trajectoires, aux idées, aux faits. Est-ce un choix assumé contre-courant ?
Absolument. Dans un monde saturé d’infobruit, je pense que l’éthique de la profondeur est un acte militant. Nous ne faisons pas du divertissement, nous faisons de la transmission. L’ambition est de bâtir un corpus médiatique de référence, où chaque portrait, chaque entretien, chaque classement, chaque article devient un jalon dans la compréhension de ce que produit le continent. Ça demande du temps, de la rigueur, de l’humilité aussi. Mais c’est à ce prix que l’on redonne aux publics africains le droit de s’émerveiller devant leur propre génie.
Justement, votre vision repose sur l’idée de « décoloniser l’imaginaire ». Que signifie cela concrètement ?
Cela signifie que nous devons opérer un double basculement : sortir du complexe d’infériorité et refuser le mimétisme passif. L’imaginaire africain a été trop longtemps façonné par des lunettes extérieures. Aujourd’hui, il est temps de dire notre monde avec nos mots, de valoriser nos formes d’intelligence, de documenter nos innovations silencieuses. Décoloniser l’imaginaire, c’est aussi dire à nos enfants : tu n’as pas besoin d’être ailleurs pour exister pleinement. L’Afrique n’est pas un déficit à combler, c’est un continent de possibles à révéler.
Vous insistez beaucoup sur la notion de « réseau de plateformes ». Quel est le modèle que vous développez avec NKUNDA AFRICA INNOVATION GROUP ?
Nous construisons un modèle hybride et stratégique. Chaque plateforme a son identité territoriale ou thématique forte, mais toutes s’inscrivent dans une même dynamique : bâtir un espace de fierté partagée, d’influence régionale et d’interconnexion panafricaine. Notre modèle, c’est de documenter mais aussi d’accompagner. C’est pourquoi nous lançons aussi des initiatives comme les classements annuels, les sommets, les partenariats avec les universités, les forums régionaux. Le média devient catalyseur de dynamique.
L’excellence africaine que vous défendez, ce n’est pas qu’une question de performance. C’est aussi une question de sens.
Exactement. L’excellence, ce n’est pas seulement être le premier, c’est être à sa place, là où l’on est utile. J’admire autant un PDG de banque qu’une entrepreneure sociale en milieu rural. L’important, c’est la cohérence, l’intégrité, la capacité à faire bouger les lignes. Ce que je veux offrir à travers mes médias, c’est une galerie de visages qui disent : nous pouvons faire autrement, nous pouvons faire mieux, ici et maintenant.
Vous semblez convaincu que les médias doivent jouer un rôle structurant dans la construction de l’Afrique de demain.
C’est une conviction profonde. L’Afrique ne se construira pas sans des récits solides, sans archives de ses propres mutations, sans écosystèmes médiatiques ancrés. Le média, s’il est bien pensé, devient une plateforme de puissance douce. Il façonne les aspirations, les imaginaires, les ambitions collectives. Il peut accompagner les réformes, accélérer les transformations, faire monter le niveau de débat. Et surtout, il crée de la mémoire. Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est bâtir une mémoire stratégique pour l’Afrique.
Que peut-on attendre de NKUNDA AFRICA INNOVATION GROUP dans les mois à venir ?
L’accélération. Nous allons renforcer notre présence digitale, consolider nos éditions spéciales, déployer une plateforme de data intelligence, organiser des rencontres de haut niveau, lancer des programmes d’influence jeunes, et accompagner plus directement les institutions et entreprises qui souhaitent aligner leur communication avec une vision panafricaine à impact. Notre rêve est clair : faire de NKUNDA AFRICA INNOVATION GROUP un acteur structurant de la souveraineté narrative africaine.
Un dernier mot pour la jeunesse africaine ?
Croyez en vos propres récits. Réconciliez-vous avec vos racines. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de vos voix. Et surtout, osez. Le continent vous attend.
Propos recueillis par Mariama A.