Plaidoyer pour la prolongation de la phase d’incubation des start-ups camerounaises impactées par la crise du COVID-19

Dans une lettre adressée au Directeur Général des Impôts, le Cercle des Jeunes Dirigeants (CJD), une association camerounaise regroupant plus de 200 jeunes entrepreneurs, a formulé une demande pressante : prolonger jusqu’en 2028 la phase d’incubation des start-ups créées entre 2019 et 2021. Ces entreprises, fortement affectées par la crise du COVID-19, n’ont pas pu tirer pleinement parti des mesures fiscales mises en place pour soutenir l’économie numérique au Cameroun.
Une association au service des jeunes entrepreneurs
Fondé en 2023 sous l’égide du Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM), le Cercle des Jeunes Dirigeants regroupe des dirigeants d’entreprise âgés de 18 à 45 ans. Avec pour mission de rassembler, former et défendre les intérêts de ses membres, le CJD se veut un acteur clé dans la promotion de l’entrepreneuriat au Cameroun. Comme le souligne la présidente, Rosine Danielle Ekambi Soppo, dans la lettre : « Notre organisation a pour missions de rassembler, former et influencer en étant le porte-voix » des jeunes chefs d’entreprise.
Une méconnaissance criante des mesures existantes
Une enquête interne menée par le CJD en 2023 a mis en évidence un problème majeur : plus de 80 % de ses membres ignorent les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME). Face à ce constat, l’association a réalisé une analyse approfondie de la politique d’accompagnement des PME au Cameroun, jointe à la lettre. Cette étude révèle que, malgré un dispositif conforme aux standards internationaux, celui-ci reste largement méconnu, tant des entrepreneurs que des agents publics chargés de son application.
L’Article 124 ter : un outil sous-exploité
Parmi les mesures identifiées, les dispositions fiscales de l’Article 124 ter, en vigueur depuis 2020, se distinguent. Elles offrent aux start-ups une exonération totale de taxes (hors charges patronales) pendant leur phase d’incubation. Pourtant, comme le note le CJD, ces mesures « sont encore largement méconnues du grand public ». Cette situation constitue un frein à l’exploitation d’un avantage qui pourrait positionner le Cameroun comme une destination attractive pour les acteurs du numérique et stimuler l’innovation technologique.
Les ravages de la crise du COVID-19
Les start-ups créées entre 2019 et 2021, bien qu’éligibles à ces exonérations, ont été particulièrement vulnérables. La crise du COVID-19 a entraîné un arrêt total des activités dans certains secteurs, réduisant de facto leur phase d’incubation de cinq ans à seulement deux ans. « Une durée de vie insuffisante pour stabiliser un modèle économique », déplore le CJD. Pour remédier à cela, l’association demande une prolongation de cette période jusqu’en 2028, arguant que cette mesure permettrait :
- Un accroissement des investissements de la part des business angels et des fonds de capital-risque ;
- Une augmentation des recrutements de jeunes talents formés dans les technologies ;
- Une hausse des investissements en recherche et développement ;
- Une meilleure attractivité du Cameroun pour les entreprises technologiques.
Un appel à la collaboration
Le CJD ne se contente pas de demander : il propose. L’association se dit prête à collaborer avec les autorités pour améliorer les conditions d’activité des jeunes entrepreneurs. Elle souhaite jouer un rôle de relais pour diffuser les informations sur les mesures d’accompagnement et promouvoir le savoir-faire camerounais en matière d’innovation. « Conformément à sa raison d’être, le Cercle des Jeunes Dirigeants se tient à votre disposition pour en discuter et agir en tant que partenaire privilégié », affirme la lettre.
Une opportunité pour l’avenir
La demande du CJD dépasse la simple prolongation d’un dispositif fiscal. Elle vise à donner aux start-ups camerounaises une chance de surmonter les séquelles de la crise du COVID-19 et de contribuer à l’émergence économique du pays. Alors que l’association attend une réponse du Directeur Général des Impôts, son plaidoyer résonne comme un appel à soutenir l’innovation et la jeunesse entrepreneuriales au Cameroun.