Jean-Wilfried KEMAJOU, l’art de bâtir les marques-pays

À seulement 27 ans, Jean-Wilfried KEMAJOU a déjà l’allure d’un stratège rompu aux codes du pouvoir et de la réputation mondiale. Camerounais d’origine, il coordonne depuis Cotonou la plateforme « Bénin, un Monde de Splendeurs », vitrine internationale d’un pays qui assume pleinement son identité et ses ambitions. Derrière ce slogan, une conviction : l’Afrique ne doit plus subir son image, elle doit la piloter.
Formé à Sciences Po Paris, passé par Havas Paris et ses clients du CAC 40, KEMAJOU a appris tôt à manier les subtilités de la communication d’influence. Mais c’est dans le nation branding qu’il trouve son terrain de jeu. « Construire une marque-pays, c’est penser à la fois comme un historien, un marketeur et un diplomate », glisse-t-il avec assurance. Pour le Bénin, il orchestre une identité visuelle inspirée des Amazones du Danxomè et des masques traditionnels, tout en activant la marque sur les scènes les plus prestigieuses : Biennale de Venise, Expo 2025 à Osaka, festivals culturels comme les Vodun Days qui ont rassemblé plus de 435 000 visiteurs.
Son parcours n’a pourtant rien d’une trajectoire linéaire. Fils d’un passionné d’histoire à Douala, il grandit nourri aux récits des grandes figures africaines. À 16 ans, il lance l’association Happiness Africa, destinée à soutenir les orphelins camerounais. À 21 ans, il rêve déjà de communication politique et multiplie les stages entre Abidjan et Dakar. De Paris à Cotonou, chaque étape affine sa vision : l’Afrique doit raconter elle-même son histoire.
Reconnu en 2025 dans le classement Forbes Afrique 30 Under 30, KEMAJOU appartient à cette génération de leaders africains qui conçoivent la réputation comme un actif stratégique. Sa méthode ? Combiner rigueur académique, flair culturel et capacité à fédérer. Son coup de maître récent : avoir attiré la star américaine Ciara à Ouidah, où elle a reçu la citoyenneté béninoise – un signal fort envoyé à la diaspora et au monde.
Ceux qui le côtoient décrivent un professionnel exigeant, animé par une vision plus large que sa carrière : démontrer que l’Afrique peut construire ses propres récits et en faire un levier de développement. « Le branding n’est pas une opération de communication, c’est une politique de puissance douce », aime-t-il répéter. Une maxime qui résume bien l’homme : déterminé à prouver que l’avenir du continent se joue aussi dans l’art de séduire, convaincre et inspirer.
Mérimé Wilson