Bilan économique 2024 et perspectives pour 2025 : Analyse critique des dynamiques économiques du Cameroun
Alors que janvier 2025 s’achève, l’économie camerounaise présente un tableau contrasté. Si certains secteurs affichent des progrès notables, d’autres stagnent ou révèlent des fragilités structurelles profondes. Cette analyse se veut une évaluation objective des performances de 2024 et des perspectives pour 2025, avec un regard critique sur les choix économiques et stratégiques du pays.
1. Le secteur énergétique : des avancées insuffisantes face à la demande croissante
Malgré l’opérationnalisation partielle du barrage hydroélectrique de Nachtigal en 2024, la couverture énergétique reste inégale, notamment dans les zones rurales. La centrale de Memvé’élé a contribué à stabiliser l’approvisionnement, mais les coupures régulières dans certaines régions soulignent les limites des infrastructures existantes.
L’absence d’une stratégie claire pour l’entretien des infrastructures et l’insuffisance des investissements dans les énergies renouvelables freinent les ambitions du Cameroun d’atteindre une couverture énergétique universelle. En 2025, l’enjeu sera de mobiliser des financements innovants pour moderniser les installations et diversifier les sources d’énergie.
2. L’agriculture : un pilier sous pression
L’agriculture, secteur vital pour l’économie camerounaise, a souffert des effets combinés du changement climatique et de la faiblesse des infrastructures. Les sécheresses prolongées dans le septentrion et les inondations dans les régions côtières ont gravement affecté les rendements, rendant le pays encore plus vulnérable aux importations alimentaires.
Les initiatives technologiques telles que l’agriculture intelligente face au climat ont été prometteuses mais restent marginales. Pour 2025, la priorité devra être la réhabilitation des infrastructures d’irrigation, la construction de silos de stockage et l’accès au financement pour les petits exploitants. Faute de quoi, le Cameroun continuera à accuser un retard significatif dans sa sécurité alimentaire.
3. Les TIC : des opportunités freinées par les disparités régionales
Le secteur des TIC, moteur d’innovation et d’emploi, a enregistré des progrès en 2024 avec le développement des fintech et des start-ups technologiques. Cependant, ces avancées se concentrent principalement dans les grands centres urbains, laissant les zones rurales à l’écart.
La digitalisation des services publics, bien que salutaire, progresse lentement et manque d’interopérabilité entre les plateformes. En 2025, le défi consistera à réduire la fracture numérique en élargissant la couverture Internet haut débit et en investissant dans des programmes de formation pour accélérer l’adoption des outils digitaux.
4. L’industrie extractive : des opportunités manquées
Si les revenus du pétrole et du gaz ont permis de stabiliser les finances publiques en 2024, la dépendance aux matières premières brutes reste un frein à la création de valeur. Le projet de raffinerie de Limbé, toujours en attente, illustre l’incapacité chronique à transformer localement les ressources naturelles.
En 2025, une politique industrielle plus ambitieuse sera nécessaire pour attirer des investisseurs dans la transformation locale des minerais comme le cobalt et la bauxite. Sans cela, le Cameroun continuera de perdre une partie significative des revenus potentiels de ses ressources.
5. Le commerce et l’e-commerce : une dynamique émergente mais fragile
Le commerce au Cameroun reste dominé par le secteur informel, mais des initiatives de numérisation commencent à émerger. En l’absence de plateformes e-commerce robustes comme Jumia ou Glovo, l’écosystème est porté par des entreprises locales et des initiatives de plus petite échelle.
Pour 2025, des efforts significatifs devront être entrepris pour créer un environnement favorable à l’essor de l’e-commerce, notamment via des infrastructures logistiques fiables, une réglementation claire et la promotion de solutions de paiement électronique sécurisées.
Le Cameroun entame 2025 avec des opportunités réelles de transformation économique, mais aussi des vulnérabilités profondes. Les progrès réalisés dans certains secteurs restent fragiles en l’absence de réformes structurelles majeures.
Une gouvernance économique renforcée, accompagnée de politiques publiques ciblées et de partenariats stratégiques, sera essentielle pour garantir une croissance durable et inclusive. Le Cameroun a l’opportunité de s’imposer comme un acteur économique majeur en Afrique centrale, mais il devra surmonter ses blocages structurels pour réaliser ce potentiel.