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Le co-développement : moteur d’un « nouveau monde » post-Covid ?

Bien que l’éducation constitue un droit fondamental inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, il est parfois difficile de s’en convaincre tant les écarts sont grands entre certaines région du monde. Ce gap entre la théorie et la réalité a amené Peggy Sefolosha, originaire d’Afrique centrale , basée en Suisse, à créer l’association Sillage pour prendre en charge les préoccupations des jeunes et des femmes en mettant l’accent sur l’entrepreneuriat social et le développement humain.

Sillage Association promeut l’entrepreneuriat social dans les pays à travers différentes actions notamment en Afrique centrale. Vous soutenez l’idée que c’est grâce à une coopération civile internationale d’envergure qu’on permettra de créer des leviers de développement pour le continent africain. D’où tirez-vous cette vision ? Et est-ce que le social et l’entrepreneuriat demeurent deux notions compatibles entre elles ?

Peggy Sefolosha : Plus que jamais ! Nous avons besoin des synergies à l’international pour trouver des solutions ensemble pour un co-développement social, écologique et financier. Mon expérience internationale m’a encouragée à mettre en pratique des idées innovantes qui vont en ce sens notamment en matière d’éducation et de formation. Mon expérience de vie dans différents pays et ma double culture, européenne et congolaise, ont renforcé mon intérêt croissant pour la sphère internationale. Au cours de ma double trajectoire, j’ai découvert la force d’un entrepreneuriat social original, et les différentes façons d’aider les personnes vulnérables dans les pays que j’ai visités. C’est pourquoi j’ai créé cette association dont le but premier est la construction d’un Centre d’accueil et de soins de jour pour jeunes mères en République Démocratique du Congo. Mais nous souhaitons, dans un certain laps de temps, conduire ce genre d’opérations également au Cameroun.  Cette construction vise à offrir un espace sûr et solidaire pour permettre aux jeunes filles d’acquérir des compétences et des capacités afin de gagner une vie digne et indépendante. La formation des femmes entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain est pour moi un investissement durable certain pour l’amélioration des conditions et des cadres de vie de tout un pays.

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Mais est-ce que votre combat ne se heurte pas au terrible rocher de l’individualisme et du consumérisme qui sont prépondérantes pour faire tenir les économies ?


Globalement, je souhaite inverser la tendance individualiste et sexiste afin de contribuer à rétablir un équilibre où chaque individu prend pleinement conscience du rôle qu’il a à jouer sur terre. Parce que je suis une femme et que je crois à la solidarité dans le monde entier. Au-delà, il est important d’investir dans les jeunes et les femmes pour améliorer les conditions de vie de tous. L’objectif de toutes mes actions est de redonner dignité et considération aux personnes en situation d’exclusion sociale et de détresse, et plus particulièrement aux femmes qui sont doublement touchées par leurs conditions.


Depuis combien de temps votre organisation existe-t-elle et comment parvenez-vous à ancrer vos actions dans le temps compte-tenu des conjonctures parfois difficiles  ?

Sillage existe depuis 2019 et a des bureaux en Suisse et en Afrique centrale. En un an, nous sommes passés de 3 à 24 employés et avons mené des actions en faveur des bénéficiaires dans 5 pays notamment au Cameroun où nous travaillons avec les écosystèmes locaux . L’objectif principal de Sillage est la construction d’un centre de jour pour les jeunes mères. Nous démarrons par Kinshasa mais nous souhaitons très vite étendre nos activités notamment au Cameroun. Ces femmes peuvent y être formées et accompagnées. En raison de la crise sanitaire, la construction a été retardée pour celui de Kinshasa. Ainsi, Sillage a mené des actions contre la propagation du Covid-19, tant en Suisse que sur le continent africain : distribution de masques et de gels hydro-alcooliques, distribution de nourriture principalement notamment au Cameroun.

Comment définiriez-vous les axes de votre association afin de maintenir des équilibres financiers sans compromettre sa mission ?


Nous avons 3 axes principaux : L’éducation, l’émancipation des femmes et la solidarité.Il y a de nombreuses raisons de poursuivre une quête de développement durable en Afrique dans tous les domaines de l’égalité des sexes en matière de développement économique, politique et social. Je veux voir le continent africain briller. Il est temps de penser le monde dans un développement économique et social plus juste et durable ; de développer les relations internationales uniquement pour un monde meilleur ; de repenser la coopération au niveau individuel et au niveau international. L’objectif est de laisser derrière nous cette image de « continent sous-développé ». Le continent africain dispose de ressources et d’avantages considérables, y compris en termes humains.

Les principaux objectifs de développement durable impliquent que les entreprises privées et les gouvernements investissent plus dans les ONG. La COVID-19  a accentué l’impérieuse nécessité sur ce volet.  Alors quelles actions avez-vous pu mettre en place en tenant compte des conjonctures ?

Notre principal levier est sans aucun doute notre motivation et le réseau international qui nous soutient. Nous avons déjà mené des actions dans 5 pays africains dans la poursuite de nos objectifs. Sillage a organisé plusieurs actions. Au Cameroun, une distribution de masques et de nourriture a été effectuée dans un orphelinat. En RDC, des campagnes de prévention contre la propagation du virus ont été organisées avec des masques et des gels artisanaux dans plusieurs marchés d’Afrique centrale. Des campagnes similaires ont également eu lieu au Cameroun pour atteindre les personnes les plus vulnérables. En Suisse, Sillage a également eu l’occasion de distribuer des masques et a offert ses services aux personnes les plus vulnérables de Montreux. Dans la région, nous disposons d’une équipe de terrain fiable et dynamique et d’un bureau d’expertise. Concrètement, ils sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain. Ils sont recrutés avec soin et font l’objet de plusieurs réunions. Ils gèrent les changements et déterminent des indicateurs clés spécifiques au terrain pour suivre l’évolution du projet. Nous progressons également dans la stratégie de déploiement pour impliquer progressivement les bénéficiaires dans nos programmes. Et ces échanges réguliers avec nos partenaires favorisent un climat positif pour apporter progressivement des changements durables.

Que pourriez-vous reconstruire dans un univers où les associations et les ong sont différentes partout dans le monde ?

Notre vision est de soutenir les organisations qui partagent notre détermination à atteindre l’excellence et qui suivent les principes d’être les meilleures dans tout ce que nous faisons. En économie, nous savons que le cercle vertueux du travail, de la consommation et de l’investissement est nécessaire pour développer une société.

Alors que l’Afrique devrait connaître une croissance négative pour la première fois depuis 25 ans et que les fonds de la diaspora vers le continent sont en baisse. Sur quels aspects allez-vous vous appuyer pour développer votre vision ?


Nous proposons un programme d’entrepreneuriat social visant à accompagner les bénéficiaires sur le chemin de l’autonomie. En ce sens, le projet est propice à la création de valeur sur le très long terme. Nous prenons le temps de connaître leur parcours et leurs aspirations. Ils ont une expérience personnelle et professionnelle avec d’autres organisations ou associations, ils ont de l’expérience sur le terrain. Ils sont compétents. Il est important de leur confier la coordination et nos actions sur le terrain, c’est un travail commun : nous analysons les demandes et nous divisons le projet. L’équipe de terrain aide à évaluer les charges et les coûts du travail sur place. Ils nous aident à définir un plan de communication, à nous renforcer.




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