Interview

Marchés financiers émergents : Barbara ESSAME DONGHO dessine les perspectives en Afrique Centrale

Barbara ESSAME DONGHO est une figure de proue du secteur bancaire et financier au Cameroun. Avec plus de 15 ans d’expérience, elle a gravi les échelons au sein de la SCB Cameroun avant de relever de nouveaux défis en tant que dirigeante de sociétés de gestion d’actifs et de courtage.

Super promo

Dans cette interview, Mme ESSAME DONGHO revient sur les grandes évolutions qu’elle a observées dans le paysage financier camerounais et en Afrique Centrale. Elle évoque les opportunités mais aussi les défis auxquels sont confrontées les institutions financières de la région.

Grâce à son expertise unique, Mme ESSAME DONGHO offre un aperçu précieux des tendances qui façonnent l’avenir du secteur, telles que la transformation digitale, le développement de nouveaux produits financiers et le renforcement de la régulation. Elle partage également sa vision pour l’essor continu du marché financier sous-régional dans les années à venir.

Cette interview met en lumière le parcours inspirant d’une professionnelle engagée dans le développement d’un système financier plus moderne et inclusif en Afrique Centrale.

Bonjour Mme ESSAME DONGHO, merci d’avoir accepté cet entretien. Je suis ravi de discuter avec vous de votre carrière dans la banque et la finance en Afrique Centrale.

C’est un honneur pour moi d’avoir été sollicitée par votre média dont j’apprécie la pertinence du contenu qui y est diffusé. Vous mettez en lumière des personnes brillantes qui se démarquent à travers leur parcours dans des domaines précis ou à travers des actions qu’elles poseraient au quotidien, c’est vraiment à apprécier.

Pour ceux qui vous découvrent qu’est-ce qu’il faut savoir sur vous?

Je suis Barbara ESSAME DONGHO, Directrice Générale de Building Emerging Markets Securities.

J’ai démarré ma carrière après avoir validé un MBA en Gestion des Ressources Humaines à L’ESSEC de Douala.

J’ai travaillé pendant plus de 11 ans à la SCB Cameroun où j’ai occupé tour à tour divers postes notamment dans les Directions des Engagements et d’Exploitation et dont j’ai inauguré en 2018 l’Agence VIP réservée à la Gestion du patrimoine de la clientèle fortunée de la ville de Douala.

En 2021, j’ai été nommée Directrice Générale d’Emrald Securities Services Asset Management, une société de Gestion de portefeuille où j’ai réussi à lever plus de 6 milliards d’actifs sous gestion en seulement 5 mois.

Deux ans plus tard, je décide de relever de nouveaux défis en acceptant le poste de Directrice Générale de Building Emerging Markets, une nouvelle Société de bourse au Cameroun, avec pour mission de développer la structure et de la rendre profitable.

Pouvez-vous nous parler de l’évolution du secteur bancaire au Cameroun durant vos 11 ans chez SCB ? Quels ont été les principaux défis et opportunités ?

Pendant mes 11 ans au sein de SCB Cameroun, j’ai observé une évolution significative du secteur bancaire marquée par une expansion et une diversification des services financiers, une stabilisation du risque de crédit, une amélioration de la rentabilité bancaire et une exposition aux dettes souveraines dans la sous-région :

  • Expansion et diversification : Le secteur bancaire camerounais s’est développé, avec une diversification des offres de produits financiers et des services aux clients
  • Concentration bancaire : Le secteur bancaire au Cameroun est considéré comme moyennement concentré, avec un indice Herfindahl-Hirschman (HHI) compris entre 1 000 et 1 800
  • Risque de crédit : Le risque de crédit s’est stabilisé, avec un taux de créances brutes en souffrance qui reste élevé à 15 % des crédits bruts en 2022
  • Rentabilité bancaire : La rentabilité bancaire s’est améliorée, avec un ratio de fonds propres relativement solide.
  • Exposition aux dettes souveraines : Les banques camerounaises ont été exposées à une augmentation de la dette souveraine dans la sous-région
  • Impact de la crise sanitaire : Le secteur bancaire s’est globalement relevé de la crise sanitaire, qui a négativement impacté le portefeuille des banques concernant le secteur du commerce, du transport.
  • Évolution des ratios de concentration : Le système bancaire camerounais apparaît comme le marché le moins concentré de la CEMAC, avec un HHI compris entre 1 000 et 1 800.

Les principaux défis ont été liés à l’adaptation aux nouvelles réglementations, à la concurrence croissante, et à la gestion des risques. Cependant, ces défis ont également offert des opportunités d’innovation et de croissance, notamment en explorant de nouveaux marchés et en renforçant les services financiers.

Comment s’est opérée la transition de la banque classique au marché financier ?

La transition de la banque classique au marché financier s’est opérée lors de mon passage chez ESS AM. Cette transition a été motivée par la volonté d’explorer de nouvelles perspectives, d’élargir le champ d’action dans le domaine de la finance, et de participer activement au développement du métier de la gestion d’actifs. Cela m’a également permis d’avoir une vision plus holistique du secteur financier.

D’après votre expérience, quels sont les enjeux majeurs du secteur financier en Afrique Centrale aujourd’hui ?

Les enjeux majeurs du secteur financier en Afrique Centrale incluent :

  • L’éducation de la population d’Afrique centrale sur les opportunités offertes par le Marché financier ;
  • La diversification des offres de produits financiers pour répondre aux besoins croissants des clients ;
  • L’amélioration des services aux clients et la gestion des risques.
  • La transformation digitale pour s’adapter aux attentes des clients et aux tendances mondiales ;
  • La nécessité de renforcer la régulation pour garantir la stabilité financière, et de favoriser l’inclusion financière pour toucher une plus large population.

Comment ce marché a-t-il évolué ces dernières années ? Quelles sont les tendances et innovations marquantes selon vous ?

Ces dernières années, le marché financier en Afrique Centrale a connu une évolution significative, notamment avec une augmentation des investissements dans les infrastructures et les services financiers. Les tendances et innovations marquantes incluent :

  • L’expansion des services financiers en ligne et mobiles pour faciliter les transactions et les services aux clients.
  • L’introduction de solutions de paiement et de transfert de fonds plus efficaces pour les entreprises et les particuliers.

Après un passage chez Emrald Securities Services Asset Management comme dirigeante, vous êtes aujourd’hui Chez Building Emerging Markets Securities une fois de plus en première ligne pour observer l’évolution du secteur. Selon vous, quelles sont les perspectives d’avenir en Afrique Centrale ?

Les perspectives d’avenir en Afrique Centrale sont prometteuses. Nous pouvons anticiper une croissance continue, soutenue par l’innovation technologique, la diversification des produits financiers, et un accent accru sur le développement durable. La région offre des opportunités significatives pour les investisseurs et les entreprises qui sont prêtes à s’engager de manière stratégique.

Comment votre société se positionne-t-elle dans un environnement de plus en plus concurrentiel pour accompagner cette croissance ?

Building Emerging Markets Securities se positionne pour accompagner cette croissance en offrant des services de bourse et de financement adaptés aux besoins du marché en Afrique Centrale. Nous sommes conscients de l’environnement de plus en plus concurrentiel et nous nous engageons à offrir des solutions innovantes et de qualité pour répondre aux besoins changeants de nos clients et de maintenir une approche axée sur la transparence et la responsabilité.

Je vous remercie d’avoir partagé votre précieuse expérience du secteur bancaire et financier camerounais et sous – régionale. Ces informations sont très utiles. Auriez-vous un dernier mot ?

Merci à vous. Mon dernier mot serait d’encourager les acteurs du secteur financier à rester agiles et ouverts aux opportunités d’innovation. Ensemble, nous pouvons contribuer à façonner un secteur financier plus robuste et inclusif en Afrique Centrale.

Propos recueillis par la rédaction

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

You cannot copy content of this page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité
Verified by ExactMetrics