Café scientifique à l’Université de Douala, l’impérieuse question des Zoonoses au menu
L’Amphithéâtre 501 Thomas MELONE de l’Université de Douala a servi de cadre ce mercredi 12 janvier 2023 pour le Café Digital du Département de Biologie Animale de la Faculté des Sciences. Placé sous la supervision du Doyen, il avait pour thème, « La problématique de gestion des maladies émergentes et ré-émergentes au Cameroun : Cas de zoonoses ».
Ce fut un vrai moment de partage et de vulgarisation de la science. Pour parler effectivement des zoonoses, un florilège de savants et de spécialistes venant de l’Université de Douala, mais aussi de divers horizons scientifiques et techniques a tenu en haleine le public qui a répondu présent en grand nombre. Cet évènement à forte texture didactique s’est déroulé en deux actes aussi relevés l’un que l’autre, constitués de deux panels enrichissants, modérés par le Professeur Samuel Honoré MANDENGUE, devant une foule éclectique constituée d’étudiants, d’experts, de monsieur tout le monde et d’un parterre de journalistes. Des « Caféistes » qui en ont pris pour leurs doses, avec des tasses savamment corsées.
Généralités sur les Zoonoses
Le premier Panel, constitué de Pr Jacques NACK qui a parlé de l’origine des Zoonoses, de Pr Jean Arthur MBIDA MBIDA qui a établi le lien entre zoonoses et vecteurs, de Pr Arnold Roger BITJA NYOM qui a attiré l’attention sur la relation entre zoonoses et consommation des poissons, des crustacées et autres animaux aquatiques, de Pr Alain Didier MISSOUP qui a alerté sur les risques sanitaires liés à la faune sauvage, de Dr Parfait AWONO qui a retracé l’itinéraire des SARS COV de l’origine à la Covid 19.
De ce premier panel, on a pu noter quelques idées maitresses pleines d’enseignements. En effet il est apparu que les Zoonoses sont des maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’homme et inversement, et dont les agents pathogènes sont d’origines bactériennes, virales ou parasitaires. Elles se propagent à l’homme par des aliments, l’eau ou des contacts directs. Ce sont des maladies à transmission vectorielle, c’est-à-dire qu’elles sont causées par un germe pathogène (virus, parasite, bactérie), véhiculé et inoculé par un vecteur s’étant lui-même infecté sur un hôte virémique, qui abrite un virus.
Les aquariums sont également exposés aux zoonoses. Chez les poissons par exemple dont les symptômes sont variés, compris parmi un amaigrissement progressif, une décoloration, de l’apathie, une nage difficile. Les risques sanitaires sont aussi très fréquents dans la faune sauvage. En effet certains agents pathogènes zoonotiques lui sont propres et des études y afférentes ont été menées au Cameroun bien avant l’apparition du Covid 19. L’éternel problème des moyens adéquats pour développer efficacement la recherche se posent encore avec acquitté. Le propos relatif à l’historique du Covid 19 depuis SARS COV 2 a permis de mettre en lumière des éléments de l’origine de cette pandémie qui a bouleversé la santé et l’économie mondiale depuis 2020. Cette envolée heuristique a permis de voir plus clair dans la circulation des Coronavirus dans la faune sauvage et surtout de comprendre qu’une meilleure connaissance des mécanismes d’émergence des pathogènes aide à améliorer les systèmes de surveillance. En effet la pandémie Covid 19 a démontré qu’il est urgent de détecter précocement ces émergences pour mettre en place assez rapidement, des mesures de contrôle, ce qui en appelle à la gestion optimale des zoonoses.
Gestion des Zoonoses
Porté sur la gestion des zoonoses, le second panel a vu l’intervention de Dr EKWOGE ABWE qui avait pour thème, « Between biodiversity conservation and the fight against zoonoses ». Le Pr Gustave LEHMAN est intervenu sur la question de l’impact des zoonoses sur le secteur touristique camerounais, le Dr MOSSI MAKEMBE a planché sur la gestion des zoonoses au Cameroun, tandis que le Dr Claire-Serge NKOLO a parlé du rôle du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) dans la gestion des zoonoses.
Il a été question entre autres de toucher du doigt la relation entre zoonoses et biodiversité. Elle est un enjeu majeur du concept « One Health ». Détruire la biodiversité amplifie la propagation des zoonoses. Parce que ces dernières se propagent généralement sur l’interface Homme-Animal-Environnement, elles ont des conséquences profondes sur les économies et notamment celle du tourisme. Non ce ne sont pas des questions liées aux infrastructures et aux comportements peu éthiques de certains routiers qui freinent l’expansion du tourisme. Ce sont surtout les zoonoses qui dissuadent les moins hardis à visiter des paysages pourtant bucoliques. C’est pour cela que l’attention des populations et des pouvoirs publiques se veut encore plus accrues sur cette question. Et l’Etat fort heureusement veille.
Pour ce faire, le Cameroun a adopté le référentiel « Une Seule Santé », à travers notamment, le développement d’une stratégie nationale et la mise en place d’un Programme National de Prévention et de Lutte contre les Zoonoses. Pour saisir le rôle du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales dans la gestion des zoonoses au Cameroun, il faut se rappeler qu’après avoir observé l’apparition des maladies émergentes ou ré-émergentes et constaté que 75% des pathogènes émergents sont de nature zoonotiques, que face à la menace des maladies telles que l’Anthrax, la Grippe aviaire H5N1, la Grippe pandémique H1N1, la Rage, la Tuberculose… le Gouvernement a mis en place l’élaboration du Programme National de Contrôle et de Lutte contre les Zoonoses Emergentes et Ré-émergentes au Cameroun. La rage par exemple pour laquelle le Délégué régional du MINEPIA pour le Littoral fait beaucoup de sensibilisation, est sujette à une méconnaissance abyssale au sein des populations. Elle constitue pourtant un danger de mort incommensurable pour les gens qui doivent absolument penser à faire vacciner leurs animaux domestiques et même se faire personnellement vacciner avant d’atteindre le point de non-retour.
Pour finir
Le jeu des questions réponses a été très dynamique en élargissant les perspectives plurielles d’apprentissages sur cette question vitale des zoonoses. Toujours aussi proches du commun des mortels, mais pourtant si peu connues en réalité, d’où la nécessité d’associer les masses médias dans le travail de sensibilisation. Le propos final du Pr Dieudonné MASSOMA LEMBE parlant au nom de madame le Doyen le Professeur Marie Joseph Ntamack Nida, a offert la quintessence des travaux et souhaité que les prochains Cafés scientifiques de la Faculté des Sciences connaissent le même engouement et un succès scientifique et populaire au moins aussi retentissant. Une belle discussion-action où chaque Caféiste en a pris pour sa tasse de connaissance sur les zoonoses.
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