Ernest Dikoum : D’un ciel africain à l’horizon hôtelier, l’itinéraire d’un bâtisseur de ponts
Né à la fin de la décennie 60 au Cameroun, Ernest Dikoum n’a jamais cessé d’élargir ses horizons. Après un parcours scolaire entamé au CES de Bonadoumbè, il s’oriente vers le secteur du tourisme à Rabat, puis se spécialise en gestion des bases de données en 1996. Ce double ancrage – hospitalité et technologie – préfigure une trajectoire singulière, entre aviation, leadership et stratégie de marque.
Une ascension au cœur de l’aviation mondiale
Diplômé de l’Emirates Aviation College, Dikoum entame une carrière de haut vol chez Emirates. D’abord directeur pour l’Afrique de l’Ouest, basé au Sénégal, il étend son périmètre jusqu’à l’Afrique australe et devient une figure centrale de la stratégie commerciale du groupe. Son expertise l’emmène jusqu’aux États-Unis, où il supervise l’analyse des prix pour le marché nord-américain. Cette carrière dans l’aviation internationale, marquée par la maîtrise des enjeux commerciaux, la gestion interculturelle et le développement de réseaux complexes, fait de lui un profil de premier plan dans l’industrie du transport aérien.
À la manœuvre chez Camair-Co : une brève embellie
En août 2016, Ernest Dikoum est nommé Directeur général de Camair-Co, la compagnie nationale camerounaise alors en grande difficulté. En deux ans, il quadruple le chiffre d’affaires, passant de 5 à plus de 26 milliards FCFA. Il restructure l’effectif (de 814 à 568 salariés), développe les liaisons domestiques et remet l’entreprise sur des rails opérationnels. Mais les tensions internes et un conflit avec le Conseil d’administration autour d’un projet de location d’aéronef précipitent son départ en mai 2019. Malgré cette éviction, son passage reste salué comme une période de gestion rigoureuse et de résultats tangibles.
Une nouvelle dynamique avec Air Sénégal
En octobre 2020, Dikoum est nommé Directeur marketing et développement produit chez Air Sénégal. Il y pilote l’ouverture de nouvelles routes et renforce la dimension diasporique de la compagnie, comme en témoigne le lancement de la liaison Dakar–Baltimore/Washington. Dans ses déclarations, il souligne constamment l’importance de l’expérience client et du lien émotionnel avec la diaspora ouest-africaine. Il incarne une stratégie moderne, inclusive et orientée vers la création de valeur culturelle et économique.
De l’aérien à l’hôtellerie : le pari Yuma Lodge
En 2025, Ernest Dikoum dévoile un nouveau chapitre avec Yuma Lodge, un établissement de 50 chambres à Saly Portudal, station balnéaire prisée du Sénégal. Ce projet hôtelier, inauguré en avril 2025 par le ministre du Tourisme Mountaga Diao, s’inscrit dans le plan Sénégal 2050 de transformation du tourisme. À travers cette initiative, Dikoum ne se contente pas de construire un hôtel, il érige une vision : celle d’une hospitalité africaine authentique, connectée aux aspirations des voyageurs et enracinée dans les valeurs locales.
Pensé comme un pôle d’expansion panafricain, Yuma Lodge ambitionne de s’étendre dans d’autres capitales africaines, en partenariat avec Africa24 et Villa Design. À l’horizon 2030, le projet vise la création de 5 000 emplois et l’ouverture d’un centre de formation en hôtellerie, positionnant Ernest Dikoum comme un catalyseur de croissance régionale.
Un leadership tourné vers la transformation
Ernest Dikoum incarne une nouvelle génération de leaders africains capables de conjuguer excellence opérationnelle, sens de l’innovation et impact territorial. Son parcours illustre la porosité vertueuse entre aviation et tourisme, deux secteurs stratégiques pour l’Afrique. En misant sur l’économie de l’expérience, il tisse des ponts entre les continents, les diasporas et les opportunités.
Sa reconversion au Sénégal, loin d’être un simple repositionnement professionnel, est l’expression d’une vision : faire de l’Afrique non seulement un marché, mais une destination, un acteur, une référence. Et dans ce cheminement, Dikoum reste fidèle à sa devise implicite : offrir, partout où il passe, une valeur ajoutée durable.
Mérimé Wilson
