FINANCER L’INDUSTRIE EN 2026 au Cameroun : ENTRE JEUNESSE, CAPITAL ETTERRITOIRES. Un combo gagnant ?

Dans des communes comme Douala, Yaoundé, Bafoussam ou Garoua, l’industrie et
l’emploi sont à la croisée des chemins. Une population jeune, des flux financiers
dispersés et un tissu d’entreprises encore fragile font de 2026 un horizon critique. Le défi
n’est pas seulement de produire, mais de transformer le capital disponible en valeur
réelle, de structurer l’appareil industriel et de donner corps à la promesse d’une jeunesse
active et employable.


JEUNESSE ET CAPITAL : UNE ÉQUATION STRUCTURELLE


« La véritable richesse d’une nation se mesure à sa capacité à produire et non à consommer ce
qu’elle possède», déclarait Adam Smith, economiste et chercheur renommé


Les données consolidées par la Banque mondiale indiquent qu’une large majorité des actifs a
moins de 35 ans. Cette démographie est concentrée dans les principaux pôles urbains, où la
pression sur l’emploi et les infrastructures est la plus forte. Célestin Tawamba, président du
Groupement Interpatronal Camerounais, souligne que « la jeunesse est un capital latent, mais
son potentiel reste inexploité faute d’entreprises capables d’absorber le travail et le crédit ».


Les douze travaux du financement productif – accès au crédit, sécurisation foncière, énergie
fiable, logistique, transformation locale, compétences intermédiaires, gouvernance, assurance,
export, digitalisation productive, innovation et stabilité réglementaire – sont les leviers pour
transformer cette jeunesse en force productive. Sans leur alignement, le potentiel reste
statistique. L’entreprise demeure le lieu où le travail devient valeur économique mesurable.


SECTEURS STRATÉGIQUES ET IMPACT DES INVESTISSEMENTS


«Ce ne sont pas les volumes de capital qui déterminent la croissance, mais la capacité des
institutions à orienter son usage.”


Douglass C. North, Institutions, changement institutionnel et performance économique.
L’agro-industrie, les matériaux de construction et la transformation locale concentrent les pertes
de valeur ajoutée les plus importantes. Selon Paul Kammogne Fokam, entrepreneur et
investisseur, «la capacité à structurer les chaînes de valeur locales transforme chaque franc
investi en emploi et productivité ».


Le déficit énergétique et la logistique inefficace représentent des coûts équivalents à près de
deux points de PIB par an. Le numérique appliqué à la production et aux paiements industriels
apparaît comme un levier d’efficience capitalistique sous-exploité. Le financement attendu en
2026 doit être sélectif et orienté vers des entreprises bancables, seules capables de
transformer le capital en croissance durable.


«Sans entreprises solides, le crédit reste un indicateur statistique, pas un levier économique.”


CO-DÉVELOPPEMENT ET RÔLE DE LA DIASPORA


«La production précède toujours la redistribution.» Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique
Les transferts financiers de la diaspora représentent près de 4 % du PIB, concentrés sur les
principaux pôles urbains et logistiques. Luc Magloire Mbarga Atangana, entrepreneur de la
diaspora, rappelle que « le capital extérieur devient réellement utile lorsqu’il accepte le temps
long de l’industrie et s’aligne sur les besoins locaux ».


Les instruments de co-développement – fonds hybrides, obligations productives,
co-investissements industriels – sont essentiels pour orienter ces flux vers des projets à forte
valeur ajoutée et à impact territorial mesurable. Dans des communes comme Bafoussam ou
Garoua, leur mobilisation pourrait structurer des micro-écosystèmes productifs robustes.
«Le capital devient productif lorsqu’il rencontre des structures capables de le transformer.”


L’ENTREPRISE COMME POINT DE BASCULE


«L’entreprise est l’innovation rendue durable par l’organisation.»
Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie


Les analyses convergentes des institutions financières internationales montrent que l’emploi
industriel durable provient toujours d’un nombre limité d’entreprises structurantes. Ce sont elles
qui absorbent le capital, forment la main-d’œuvre et stabilisent les trajectoires sociales. Dans
les communes stratégiques, ces entreprises structurent le marché local et permettent à la
jeunesse de devenir actrice d’une croissance réelle et mesurable.

Ce sont les entreprises solides qui transforment une jeunesse nombreuse en croissance
durable.


L’INSTANT QUI TRANSFORME L’ICI EN DEMAIN


Chaque investissement, chaque entreprise structurante, chaque décision financière est un
passage : de l’incertitude à la productivité, de l’inaction à la création de valeur. Ce qui semble
isolé peut devenir le pivot d’une transformation durable : un entrepreneur qui structure sa
production, un capital patient orienté correctement, une gouvernance qui stabilise un secteur
entier.


Le futur industriel ne se décrète pas ; il se construit, un saut à la fois, là où la volonté de
produire rencontre les moyens de le faire. La transformation commune ne peut arriver qu’avant
que le temps avancé ne la précède ; elle se réalise dans l’instant où le capital, la jeunesse et
l’organisation se rencontrent.

Par RUDY CASBI, Entrepreneur et Contributeur

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